(Agence Science-Presse, 10/10/2005)

Pendant que les vrais Nobel recevaient une récompense pour des choses aussi fondamentales que les ulcères d'estomac ou la mesure par laser au milliardième de millimètre, des collègues à eux démontraient cette année encore que la science, ça peut aussi faire rire.

Pourtant, plusieurs des recherches qui méritent à leurs créateurs "l'honneur" de recevoir un Ig Nobel étaient, à l'origine, tout ce qu'il y a de sérieux. Suivant leur slogan: de la science qui "d'abord vous fait rire, ensuite vous fait réfléchir".

Ig Nobel de biologie: à l'équipe internationale qui a reniflé et catalogué les "odeurs de sécrétions" émises par 131 espèces de grenouilles stressées.

Ig Nobel de chimie: à deux chercheurs de l'Université du Minnesota qui ont démontré qu'un nageur pouvait avancer aussi vite dans le sirop que dans l'eau.

Ig Nobel de la dynamique des fluides: à l'équipe européenne qui, sous la direction de l'Allemand Victor Benno Meyer-Rochow, a calculé la pression nécessaire à une défécation réussie chez les manchots de l'Antarctique.

Ig Nobel de médecine: à Gregg Miller, du Missouri, qui a inventé des testicules artificiels de remplacement... pour les chiens! Disponibles en trois tailles.

Ig Nobel d'économie: à Gauri Nanda, étudiante au Massachusetts Institute of Technology, qui a inventé un réveil-matin opportuniste. Si on tente d'arrêter la sonnerie, il se déplace... et n'arrête pas de sonner, obligeant le propriétaire excédé à se lever.

Ig Nobel de la paix: à deux chercheurs britanniques qui, dans le but d'étudier la vision des sauterelles, les a emprisonnées dans une cage et les a obligées à regarder Star Wars.

Ig Nobel de littérature: aux auteurs de la désormais célèbre "lettre du Nigéria", cette prose qui, sous de multiples formes, envahit les boîtes de courriels depuis des années, promettant une fortune à celui ou celle qui tombera dans le panneau et enverra de l'argent. "Ces entrepreneurs de l'Internet", écrit le jury, ont permis à des millions de lecteurs "de découvrir une riche palette de personnages".

Ig Nobel de physique: à John Mainstone, de l'Université du Queensland (Australie), qui a, avec beaucoup de patience, démontré qu'un dérivé presque solide du goudron peut effectivement se comporter comme un liquide, puisqu'il forme une goutte... tous les neuf ans! Mainstone a poursuivi une expérience entamée par le défunt Thomas Parnell en... 1927!

Comme quoi les scientifiques ont le sens de l'humour, ces "Nobel pour rire" –c'était la 15e édition– sont depuis plusieurs années remis à l'Université Harvard, et plusieurs des "gagnants", dont John Mainstone venu spécialement d'Australie, étaient sur place pour recevoir leur prix. Avec le sourire.

Pour en savoir plus : The Ig Nobel Home Page