Le prix Nobel d'économie a été attribué aujourd'hui à l'Américain Thomas Schelling, 84 ans, et à l'Israélo-américain Robert Aumann, 75 ans, pour leur théorie de « décision interactive », qui permet une meilleure compréhension des conflits et de la coopération dans le commerce et les affaires. À la fois une extension et une amélioration de la « théorie des jeux », leurs travaux ont aidé à expliquer les conflits économiques, tels que les guerres des prix, ainsi que le succès de certaines communautés plus que d'autres dans la gestion de ressources communes.

Cela m'a fait penser à un article du New Scientist de février 2005: 'Zero intelligence' trading closely mimics stock market. Une simulation scientifique le montre : un logiciel aléatoire d'achat/vente des valeurs boursières obtiendrait les mêmes résultats que les traders réels.
L'affaire nous vient du Santa Fe Institute, au Nouveau Mexique, dans l'unité de recherche du professeur Doyne Farmer. Ces chercheurs ont réalisé un logiciel d'achat/vente des valeurs boursières expurgé de toutes données rationnelles, économiques et financières. En résumé, les décisions prises par ce logiciel sont aléatoires. "Zero intelligence", disent-ils. Ils l'ont testé sur la Bourse de Londres, sur 11 titres, pendant 21 mois, soit 6 millions d'ordres d'achat et de vente.
Résultat : ce logiciel insensé reproduit le marché réel avec une précision comprise entre 76 et 98%. Comme si, au fond, la Bourse était pilotée par des idiots qui font rouler les dés.
Bien sûr, ce n'est pas le cas. Les traders n'opèrent pas au hasard. Alors quelle est l'explication? D'après Doyne Farmer, les mouvements des marchés dépendent moins des stratégies des courtiers que de la structure et des contraintes du système lui-même. Un porte-parole du Stock Exchange de Londres en convient d'ailleurs volontiers : "C'est un petit travail intéressant qui reflète ce que nous constatons nous-mêmes."

A lire : The Predictive Power of Zero Intelligence in Financial Markets, par J. Doyne Farmer, Paolo Patelli et Ilija I. Zovko.