Le site ThisPersonDoesNotExist, littéralement « cette personne n’existe pas », génère automatiquement de faux visages aussi vrais que nature.
Philip Wang, un ingénieur qui travaille pour Uber, est à l’origine de cette expérience un brin déroutante. Son site utilise un logiciel libre baptisé StyleGAN, un outil créé par Nvidia, une société américaine spécialisée dans les cartes graphiques pour jeux vidéo. L’entreprise, dont le chiffre d’affaires a plus que doublé en trois ans, participe désormais à l’entraînement des algorithmes d’intelligence artificielle (IA). Car c’est bien de ça dont il s’agit : tous ces visages ont été générés par une intelligence artificielle. Plus techniquement, il s’agit ici de « réseaux adverses génératifs » (generative adversarial networks en anglais, ou GAN), une classe d’algorithmes qui fonctionnent par apprentissage automatique (on parle aussi de machine learning).

Un réalisme bluffant

Dans le cas présent, un premier programme tente de créer des images de visages à partir de données brutes. Ensuite, un deuxième programme apprécie ces images et décide si elles sont réalistes ou non. Si le résultat n’est pas satisfaisant, le premier algorithme recommence son travail. Si le résultat est satisfaisant, il est informé qu’il est sur la bonne voie. C’est ce jeu de ping-pong entre les deux programmes qui permet d’améliorer le résultat, et d’obtenir, in fine, des photos crédibles.


De prime abord, les portraits semblent plus vrais que nature. Mais quand on y regarde de plus près, l’œil perçoit de petits défauts : une branche de lunettes qui manque, ou une incisive mal placée, comme dans l'image ci-dessus. Le réalisme des photos demeure malgré tout bluffant.
Reste à savoir à quelles fins sera utilisé cet outil. On peut imaginer autant d’usages inoffensifs que de dérives. Cette technologie pourrait par exemple être employée dans le secteur de l’animation et des effets spéciaux pour modéliser des personnages uniques. Mais elle pourrait aussi servir pour créer et multiplier de faux profils, par exemple pour lancer des campagnes de cyberharcèlement. C’est précisément ce type de risques que Philip Wang a cherché à pointer en créant ce site.

Source : Marie Slavicek sur lemonde.fr