Le Monde a proposé à ses lecteurs de faire part de leurs témoignages suite à une proposition de loi pour créer un “droit à l’oubli numérique”.

Licencié pour un CV sur Internet par Bernard
Ayant quitté la France pour Genève en 2008, mon patron , que je connaissais depuis 16 ans, m’a viré pour un CV publié sur le site Viadeo ; il y avait ma photo et mon CV, et cela a suffi pour que je sois accusé de “concurrence déloyale” et qu’il utilise l’argument de “perte irrévocable du lien de confiance” pour me licencier.

En Allemagne, pour un CV sur Linkdin, un cadre a été licencié pour les mêmes raisons. Son employeur avait estimé que si le cadre conservait son CV public, c’est qu’il pouvait éventuellement quitter l’entreprise et à ce titre, ne méritait plus la confiance de la société. Pitoyable !

Difficile de faire effacer un contenu personnel sur Internet ! par Mister Gizmo
J’ai un exemple tout simple. Beaucoup d’internautes, lors de leur première recherche sur la Toile, lancent une requête avec leur nom et prénom sur Google ou un autre navigateur. Et là, les surprises commencent. Pour ma part, plusieurs résultats au travers de différents site comme 123people.fr, copainsdavant.linternaute.com, annuaires autres que pagesblanches.fr…
Ce sont des moteurs de recherche qui croisent les données entre elles. Et une vielle photo de vous sera associée à votre dernière adresse, votre pseudonyme, votre numéro de téléphone, vos articles et commentaires publiés sur différents site, votre géo-localisation, les vidéos publiées sous votre pseudonyme, vos sites internet ou blogs. Le tout sur une seule page avec un peu de publicité. C’est une forme de fichage accessible à tous , un véritable fichier “Edvige”.
Et lorsque l’on demande au webmaster de 123people.fr d’effacer les données vous concernant, il rétorque que les données sont libres d’accès sur la Toile, comme votre adresse sur les pages jaunes, et que rien légalement ne les empêche de les utiliser à leur avantage.

Chercher un nouveau travail par Agnès
Comment chercher du boulot quand, il y a quelques années, tu as signé de ton nom des pétitions en ligne ? Quand ton nom apparaît sur des tracts syndicaux ? Quand tu as écrit au courrier des lecteurs d’une revue, témoignant d’une activité militante ? Être actif dans le milieu associatif et syndical, ce n’est pas bien vu par les futurs employeurs qui veulent des salariés qui se consacrent corps et âme au travail…
Alors bien sûr personne n’a eu l’intention de nuire, mais le résultat est là : les futurs employeurs tapent ton nom dans Google, et l’affaire est close. Et si tu veux faire modifier ton nom partout, 5 ans après, il faut se lever tôt. Comment espérer que les personnes qui maintiennent les sites trouvent le temps de s’occuper de ton petit cas personnel, alors qu’il y a tant de problème graves à régler, de drames à éviter (chez les sans-logis, les sans-papiers, les exclus de toutes sortes…) ? À l’heure actuelle pas de solution, reste où tu es et fais-toi de plus en plus discret, s’il est encore temps…

Quand je tape mon nom sur Google par Elisabeth
Celui-ci apparaît, avec mon adresse et mon numéro de téléphone, grâce à ma stupidité de m’être affiliée à l’annuaire des auto-entrepreneurs. Une personne qui ne me veut pas du tout de bien (et qui a un GPS) et dont l’agressivité m’a amenée à déménager dans une région où je ne connais personne, n’a eu qu’un clic à faire pour me retrouver.

Impossible de supprimer un site internet d’association par Bernard
J’ai crée à la fin de années 90 un site d’association de parents d’élèves d’un lycée de l’Est lyonnais comportant les noms et numéros de téléphone des délégués parents d’élèves des 30 classes. Ce site a été mis à jour pendant les années pour lesquelles j’ai eu des responsabilités dans l’association. N’ayant plus d’enfants dans cet établissement, j’ai passé la main à d’autres parents…
Contacté récemment par le nouveau bureau de l’association qui souhaitait créer un nouveau site, j’ai constaté que mon ancien site était toujours en place (avec les coordonnées des anciens délégués), que les recherches sur Google ou Yahoo de mon nom donnaient toujours le lien.
C’est alors qu’à commencé la galère pour effacer les données du site : le site avait été créé sur Libertysurf.fr, qui a été racheté par Tiscali, lui-même par Alice. J’ai dû multiplier les démarches et relances avec des correspondants mails non identifiables et non recontactables me donnant des réponses inopérantes. J’ai fini par avoir un code d’accès et un mot de passe qui m’ont enfin permis de supprimer le site.
Dommage que les opérateurs (dans ce cas Alice, mais je suis aussi utilisateur de Orange qui a les mêmes défauts), n’aient pas l’obligation de mettre en place des services relation clientèles dignes de ce nom, avec adresse, ligne téléphonique, numéros de dossiers pour être capable de prendre en charge et suivre les problèmes de leurs clients.

J’avoue sans fard une paranoïa aigue sur le sujet par OLQ
Je suis en effet à classer dans la catégorie “maniaque de la vie privée” : j’ai un profil Facebook parce que beaucoup d’amis y sont, mais sans photo, et en accès aussi restreint que possible, et je ne l’actualise pour ainsi dire pas. Je n’ai rempli que les champs indispensables, laissant de côté opinion politique, vie sociale et état de santé. De même, sur les différents sites où j’ai pu passer, je n’ai délivré que des informations que j’ai estimées sans danger.
J’ai plusieurs adresses mails selon les interlocuteurs, et je ne les mélange pas. D’ailleurs, celles qui concernent les marchands du web (Amazon, la Fnac ou un journal de référence sur le net), susceptibles de les revendre, ne renvoient pas à mon nom mais sont au contraire sur le thème “toto@yahoo.fr”. Enfin, je passe mon nom sous google ou sous 123people régulièrement, pour vérifier qu’aucune information désagréable n’apparaît. Un ami a tenté une fois de mettre une photo de moi sans mon accord, j’ai réagi et la photo en question a été retirée en moins de douze heures.
Le résultat ? Il n’y a sur le Net que des informations dont j’ai contrôlé le dépôt, en particulier mes activités universitaires et associatives : si j’étais cynique, je constaterais que se construire, consciemment, une image sur le Net est de l’ordre du possible, en ne laissant passer que les informations positives…

La pieuvre Google par Anne - Onyme
A une époque il était de coutume d’écrire sous son vrai nom sur les groupes de discussion (Usenet), l’ancêtre des forums web d’aujourd’hui. Un gentil participant à une discussion un peu trop animée a cru bon de rédiger une fausse dépèche Reuters citant mes nom, prenom et ville, et indiquant que j’avais été arrêté pour divers faits peu recommandables. Je n’ai jamais réussi à faire retirer ces articles de Google. Malgré une plainte auprès de la police, restée clairement sans suite. Le nuisible s’étant caché derrière un proxy anonyme, il n’a jamais été possible de l’identifier.
Quelques années plus tard, Google a ajouté une phrase d’alerte préalable à ce texte pour indiquer qu’il avait été posté depuis un anonymisateur. Mais rien de plus. Cela me porte préjudice. A une époque je ne comprenais pas pourquoi certaines jeunes femmes que je rencontrais disparaissaient peu après avoir appris mon nom, jusqu’à ce que l’une d’elles me donne l’explication. Idem pour les employeurs. Je ne poste bien évidemment pas sous mon vrai nom, je n’ai pas envie que Google une fois de plus rafraîchisse cette histoire en indexant votre article.