Cet instrument doit son nom à l'académie militaire française
où, entre 1880 et le début du 20e siècle, il sert à instruire les aspirants
cryptologues. C'est le hollandais Auguste
Kerckhoffs, figure incontournable de la cryptographie, qui baptisa ainsi
la réglette.
L'instrument, qui ressemble aux anciennes règles à calcul, est relativement
simple; il s'agit d'une longue bande de papier ou de carton rigide, le "stator",
sur laquelle est imprimé à l'horizontale un alphabet ordonné classique. On y
fait coulisser une autre bande sur laquelle sont imprimés deux alphabets successifs.
Traditionnellement, l'alphabet clair est écrit sur la partie fixe.
Cette réglette permet de faire des substitutions monoalphabétiques
du type chiffre de César. Il suffit
de bouger le coulisseau et de lire sous la lettre claire la lettre chiffrée
(pour chiffrer), ou vice versa (pour déchiffrer). Par exemple, avec le
décalage ci-dessus, "BRAVE" se chiffrera "GWFAJ".
et les lettres no 3, 6, 9, 12, ... avec le réglage ci-dessous:
Ainsi, le message "SAINT CYR" sera chiffré "XECSX WDV". |
Des réglettes ont aussi été utilisées aux Etats-Unis. De 1939 jusquen 1950, la société Lawrence fabrique une règle qui sera vendue aux entreprises et aux administrations pour communiquer les renseignements à diffusion restreinte. Elle mesure 19,5 cm de long sur 2,8 cm de large, pour 1 cm dépaisseur et un poids approximatif de 40 grammes.
Dans les années 1960, la règle de la société Lawrence a été remplacée par la règle plus petite "Dick Tracy" au format de 15 cm x 2,8 cm sur 0,9 cm. Elle présente les mêmes alphabets et numérotations.
Didier Müller, 24.1.21 |