| BiographieNicole Oresme, né dans le village d’Allemagne (l’actuel Fleury-sur-Orne) en 1325 et mort à Lisieux le 11 juillet 1382, fut un économiste, mathématicien, physicien, astronome, philosophe, psychologue, musicologue, théologien et traducteur français.
Surnommé l’« Einstein du XIVe siècle », ce savant en avance sur son temps, dont les idées préludaient à celles de la Renaissance, a été un des principaux fondateurs et vulgarisateurs des sciences modernes, et probablement le penseur le plus original de son siècle. On ne sait pratiquement rien sur sa famille. Le fait qu’il ait fait ses études au Collège de Navarre, établissement commandité et subventionné par le roi pour les étudiants trop pauvres pour payer leurs frais de scolarité à l’université de Paris constitue une indication probable de ses origines paysannes. Toute sa vie se déroula durant la guerre de Cent Ans, la Normandie étant alors souvent occupée par l’Angleterre.
Il étudie les « artes » à Paris (avant 1348), avec Jean Buridan (reconnu comme le fondateur de l’école française de philosophie naturelle), Albert de Saxe et peut-être Marsile d'Inghen et reçoit son Magister Artium. En 1348, il étudie la théologie à Paris. Il obtient son doctorat en 1356 et devient, la même année, grand-maître du Collège de Navarre.
La plupart de ses traités latins les plus intéressants datent d’avant 1360 et prouvent que c’était déjà un universitaire établi à la réputation la plus élevée, qui a attiré l'attention de la famille royale et l’a mis en contact intime avec le futur Charles V en 1356. À partir de 1356, pendant la captivité de son père Jean II en Angleterre, Charles a été régent puis roi de France de 1364 à 1380. Le 2 novembre 1359, il devient secrétaire du roi avant de devenir par la suite, aumônier et conseiller du roi.
Une longue tradition mais non prouvée fait également de lui le précepteur du Dauphin, futur Charles V qui semble avoir tenu le caractère et les talents de Nicole Oresme en très haute estime, a souvent suivi ses conseils et l’a fait rédiger de nombreuses œuvres en français afin de populariser les sciences et de développer le goût de l’érudition dans son royaume. C’est à son insistance qu’il a prononcé un discours dénonçant les désordres de l’Église devant la cour papale d’Avignon. La force de l’influence probable de la pensée politique, économique, morale et philosophique progressiste de Nicole Oresme sur le roi Charles « Le Sage » dont il a été l’ami et le conseiller intime, jusqu’à la mort de ce dernier, reste encore à être étudiée. Il était, à la cour de Charles V qui utilisa souvent ses grandes compétences en matière diplomatique, la personne la plus importante d’un cercle choisi d’intellectuels comprenant, entre autres, Raoul de Presles, Philippe de Mézières.
Son envoi en mission par le dauphin en 1356, puis en 1360 pour solliciter un prêt auprès des autorités municipales rouennaises prouve la confiance royale dans ses capacités. En 1361, alors qu’il était encore grand-maître du Collège de Navarre, il est nommé, avec l’appui de Charles, archidiacre de Bayeux. On sait que cet universitaire passionné a rendu à contrecœur son poste convoité de grand-maître. Le 23 novembre 1362, l’année où il devient maître en théologie, il est nommé chanoine de cathédrale de Rouen. Au moment de sa nomination à ce poste, il enseigne toujours régulièrement à l’université de Paris. Le 10 février 1363, il est nommé chanoine à la Sainte Chapelle, reçoit un demi-bénéfice et est élevé le 18 mars 1364 au poste de doyen de la cathédrale de Rouen. Il est probable que le dauphin Charles a influencé par ses suggestions les décisions de son père Jean II touchant aux fréquents changements de postes d’Oresme.
Ces postes consécutifs à la cathédrale de Rouen (1364-77) ne l’empêchent pas de passer beaucoup de temps, particulièrement pour les affaires universitaires, à Paris, sans que les nombreux documents attestant de sa présence dans la capitale prouvent qu’il y enseignait également. Des lettres envoyées par Charles V à Rouen du 28 août au 11 novembre 1372 établissent une coïncidence entre le début de son séjour ininterrompu à Paris et le commencement de ses activités de traduction prolongées à la demande du roi. Sa résidence à Paris semble avoir été prolongée par Charles V jusqu’à 1380, lorsqu’il a commencé à travailler en 1369 à sa traduction de l’Éthique d’Aristote, qui semble avoir été achevée en 1370. Celles de la Politique et des Économiques du même philosophe ont pu être accomplies entre les années 1372 et 1374, et le De caelo et mundo en 1377. Ses grands travaux lui ont valu, dès 1371, une pension du trésor royal. Son travail infatigable pour Charles V et la famille royale lui a également valu, avec l’appui du roi, le poste d’évêque de Lisieux, le 3 août 1377. Il n’a pris résidence à Lisieux qu’en septembre 1380 et on ne connaît pas grand chose sur les cinq dernières années de sa vie. Il a été, à sa mort survenue deux ans après celle de Charles V, enterré dans la cathédrale de Lisieux.
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