 | Travaux en mathématiquesParallèlement aux travaux du cadastre, il faisait marcher de front depuis 1792 la confection des gigantesques table de logarithmes à quatorze, dix-neuf et vingt-cinq décimales, restées manuscrites à l'Observatoire de Paris, et qui depuis devaient servir aux calculs astronomiques. Ce sont, d'une part, les logarithmes de 1 à 200 000, les 10 000 premiers nombres calculés à dix-neuf décimales et les suivants à quatorze avec cinq colonnes de différences ; de l'autre, 2 000 000 et quelques mille de logarithmes de lignes trigonométriques, plus exactement 10 000 sinus en nombres naturels calculés à 25 décimales avec sept ou huit colonnes de différences ; 2 000 000 de logarithmes, tant sinus que tangentes, calculés à quatorze décimales avec quatre colonnes de différences ; et enfin 10 000 logarithmes relatifs aux rapports des sinus et tangentes aux arcs, pour faciliter l'interpolation dans les calculs relatifs aux petits angles, à quatorze décimales comme les précédents et avec trois colonnes de différences.
Ce qu'il y a de singulier dans l'exécution de cet énorme travail, c'est qu'il fut mené à bien en deux ans. Pour la réalisation des tables, Prony s'était inspiré d'un passage de Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith, et mit en œuvre une équipe où la division du travail était organisée en calculateurs, vérificateurs, et à leur tête un coordinateur.
Ces tables l'emportaient sur toutes celles qui existaient alors, imprimées ou manuscrites, sans en excepter même celles de l'Observatoire de Vienne. Toutefois, le gouvernement révolutionnaire, puis le Directoire, qui avaient passé un marché avec la maison Firmin Didot pour l'impression de ces tables, ne purent financer ce travail. Prony se borna à publier une Notice sur les grandes tables logarithmiques et trigonométriques adaptées au nouveau système métrique et décimal (Paris, 1824, in-4°). |