Chaque lettre est représentée par un nombre premier. Le tableau doit évidemment être commun aux deux protagonistes.
Clair | A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z |
Chiffré | 5 | 61 | 47 | 29 | 2 | 53 | 67 | 19 | 11 | 71 | 89 | 31 | 37 | 43 | 7 | 41 | 73 | 23 | 13 | 3 | 17 | 83 | 79 | 97 | 59 | 101 |
La seule contrainte de ce tableau est que tous les nombres doivent être premiers.
On chiffre d'abord chaque lettre avec le nombre premier correspondant du tableau. Par exemple, avec le tableau ci-dessus, JE VOUS AIME devient 71 2 83 7 17 13 5 11 37 2.
On découpe l'antigramme en tranches de 1 à 4 nombres, puis on multiplie ces nombres. Par exemple : 71, 2x83, 7x17x13, 5x11, 37x2, ce qui donne le cryptogramme final : 71 166 1001 55 74.
On factorise les nombres, et on obtient 71 2x83 7x13x17 5x11 37x2.
On remplace les nombres premiers obtenus par les lettres correspondantes du tableau : J E V O S U A I E M
On remet les lettres dans le bon ordre : JE VOUS AIME
Pour les longs textes, la troisième étape du déchiffrement peut être pénible. Pour éviter ce problème, on peut modifier l'étape 2 du chiffrement ainsi :
"On découpe l'antigramme en tranches de nombres croissants, puis on multiplie ces nombres."
Cette manière de faire rendra cependant ce chiffre plus facile à casser.
Dans quelle cervelle torturée a pu naître un truc pareil ? C'est pas de la cryptographie, c'est de la cryptopathie ! J'ai tant de choses à dire que je ne sais pas par où commencer.
1 Le deuxième principe de Kerckhoffs prend un vieux coup. En effet, si le décrypteur a connaissance du principe du procédé, il décompose en nombres premiers et il se retrouve avec une substitution monoalphabétique, la seule difficulté supplémentaire étant le rétablissement des anagrammes, mais cette difficulté, le déchiffreur l'a aussi. Si l'on emploie la variante pour simplifier le déchiffrement, cette difficulté disparaît pour le déchiffreur, mais elle disparaît aussi pour le décrypteur.
2 Presque tous les autres principes de kerckhoffs sont maltraités eux aussi.
3 Un procédé de chiffrement doit donner un texte clair, dépourvu d'ambiguïté. Fatalement, il arrivera une fois où l'autre un cas où ces anagrammes (on peut facilement en avoir trois ou quatre à la suite) aboutiront à des erreurs dans le libellé, surtout s'il s'agit de noms propres et en particulier de noms de personnes.
4 La mise en oeuvre du procédé est d'une longueur désespérante. J'ai rarement vu un moyen de chiffrement aussi fastidieux, particulièrement en ce qui concerne le déchiffrement : la décomposition en facteurs premiers d'un nombre de cinq ou même six chiffres ne se fait pas en un clin d'oeil, surtout que dans ce cas, il s'agit de facteurs à deux chiffres (voire trois).
5 Au cas où l'expéditeur ferait appel à un moyen
de transmission, le transmetteur ne serait sûrement pas enthousiaste pour
acheminer un cryptogrammes composé de groupes de un à six chiffres.
Vous pourrez sans doute maintenant décrypter ce message en anglais proposé aux Scouts sud-africains :
3 2261 86 133 19 365 6 23 365 1922 2 70499 259 3 19 6095 11 41 325 493 61 78 17 7 47 6 517 286 3053 505 37 1147 13 15 7285 11 3819 19 365 146 187 33 2 87 19 146 4805 118 7 53 4147 1111 37 1147
Indice : "To be or not to be" est chiffré 3 7 25438 819 7 158.
Didier Müller, 25.1.21 |