Le disque de Phaïstos

En 1908, dans la plaine crétoise de la Messara, une équipe d'archéologues italiens exhument au milieu des ruines millénaires du palais de Phaïstos un disque d'argile recouvert sur ses deux faces de pictogrammes inconnus.
Le disque de Phaïstos est en argile cuite, très fine, un peu irrégulier. Son diamètre varie de 15,8 cm à 16,5 cm, son épaisseur de 16 à 21 mm. Sur chaque face une ligne en spirale fait fonction de guide, comme les lignes d'un cahier d'écolier. On s'accorde généralement à le dater du XVIIème siècle avant Jésus-Christ, bien que certains préfèrent ne le faire remonter qu'au XIIème; d'autres vont jusqu'au XIXème.
Sur une face, 122 hiéroglyphes en 31 groupes séparés l'un de l'autre par un trait vertical. Sur l'autre 199 en 30 groupes pareillement séparés. Ces hiéroglyphes ont été, non pas tracés, mais estampés (c'est le premier exemple connu)! À quoi ressemblent ces hiéroglyphes? Pêle-mêle, on y voit une tête chauve, une autre coiffée comme un Mohican, une coquille Saint-Jacques (ou un gant de baseball), une mâchoire d'âne (ou une gondole vénitienne), un bouclier rond (ou un barillet de revolver), une équerre, une colombe avec une branche d'olivier, un chrysanthème (ou une marguerite), un pressoir (ou une ruche), ... En tout, 45 signes différents.


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Les traductions proposées vont de l'hymne à Poséïdon au récit de la disparition de l'Atlantide. C'est un fait bien connu des experts en cryptologie que, étant donné un texte chiffré suffisamment court, on peut en proposer à peu près n'importe quel déchiffrement sans qu'il soit possible de décider lequel est le vrai. Or, non seulement le texte du disque de Phaïstos est court, 241 hiéroglyphes, mais on n'en connaît pas la langue. On ne s'accorde même pas sur le sens de l'écriture: du centre à la périphérie, ou l'inverse. On ne risque pas de le savoir, car Shannon et Weaver ont prouvé que la mesure de la propriété mathématique fondamentale des textes, l'entropie, était la même qu'on les lise dans un sens ou dans l'autre.


De passage à Berlin en avril 2003, j'ai vu sur ce qui reste du Mur un motif qui m'a tout de suite fait penser au disque de Phaïstos (voir ci-contre).

On remarque beaucoup de symboles de la liberté (oiseaux, flèches, clef) et de l'amitié (mains tendues, coeur, rameau d'olivier).

Faut-il y voir autre chose qu'un dessin artistique? Je ne pense pas.


  Didier Müller, 7.2.21