À la fin des années soixante sévissait dans la région californienne un tueur en série qui se faisait appeler le "Tueur du Zodiaque". Les premiers meurtres du Zodiaque ont lieu en 1968. Durant sa longue carrière assassine, il ne s'écartera d'ailleurs guère d'une zone géographique couvrant un rayon de 200 kilomètres autour de San Francisco, ce qui rend les insuccès policiers concernant sa traque et son identification d'autant plus difficilement compréhensibles. À quelques exceptions près, le Zodiaque assassinera de préférence par arme à feu, des jeunes femmes seules, des hommes ou des couples en goguette dans des endroits isolés.
Au fil des meurtres, il prend toujours plus d'assurance. Il opère sans complexe
à visage découvert, et la police n'a guère de difficulté à faire réaliser des
portraits-robots à partir de témoignages directs de témoins ou de personnes
ayant échappé de peu à la mort. On le décrit comme un homme d'une trentaine
d'années, châtain clair aux cheveux courts, trapu et de taille moyenne, et portant
des lunettes d'écaille à grosse monture. Mais, malgré la relative précision
et la concordance des différents portraits, aucun suspect convainquant ne sera
jamais mis à la disposition de la justice...
Les crimes du Zodiaque ont pris fin brutalement en 1979. Du jour au lendemain, on n'a plus jamais entendu parler de lui. À ce jour, trois hypothèses demeurent: soit il est toujours en liberté et il a arrêté de tuer (très improbable); soit il est emprisonné quelque part pour d'autres méfaits; soit il est mort.
Son nom, c'est lui-même qui se l'est donné en signant des messages de revendication
qu'il adresse simultanément à la police et aux grands journaux de la côte Ouest.
Ses messages, qui commencent toujours par "This is the Zodiac speaking...",
sont parfois écrits en clair avec une écriture bizarrement impersonnelle, parfois
en langage chiffré fait de signes d'inspiration cabalistique. En juillet 1969,
il envoya notamment un cryptogramme composé de trois parties à trois journaux:
le Vallejo Times-Herald, le San Francisco Examiner et le San
Francisco Chronicle. Pour titiller l'intérêt des journaux, il précise qu'il
révèlerait son identité dans ce message chiffré. Le cryptogramme fut publié
le 31 juillet 1969. Il fut cassé en moins d'une semaine par un professeur de
lycée de North Salinas et sa femme. Malgré ses déclarations, le tueur ne révèle
pas son identité. La solution fut soumise au département de police de Vallejo
le 8 août, vérifiée par l'unité de cryptologie au centre de communications navales
de l'île de Skaggs et publiée le 9 août par le San Francisco Chronicle
et le Vallejo Times-Herald. Voici ce message, désigné par
le sigle Z408:
Un examen statistique révèle que le cryptogramme est long de 408 caractères. Il est composé de 53 symboles différents, dont les fréquences sont données dans le tableau ci-dessous (ils sont classés par ordre d'apparition):
14 | 20 | 11 | 6 | 9 | 10 | 12 | 9 | 7 | 12 | ||||||||||
7 | 6 | 9 | 9 | 9 | 8 | 10 | 7 | 10 | 7 | ||||||||||
8 | 9 | 7 | 5 | 5 | 17 | 8 | 6 | 6 | 11 | ||||||||||
5 | 7 | 7 | 5 | 4 | 6 | 8 | 8 | 6 | 4 | ||||||||||
9 | 2 | 5 | 9 | 8 | 6 | 7 | 5 | 4 | 4 | ||||||||||
6 | 1 | 8 |
Ces constatations font penser à une substitution homophonique.
Décryptez le cryptogramme Z408 du tueur du Zodiaque! Pour commencer, on va supposer que le mot "KILL" figure dans le message aux endroits indiqués ci-dessous.
Ce qui permet de déterminer les attributions suivantes:
I | |
K | |
L |
L'arme la plus efficace contre la substitution homophonique est la technique du mot probable. Maintenant, à vous de jouer...
Le 8 novembre 1969, le San Francisco Chronicle a reçu un nouveau cryptogramme du tueur du Zodiaque, désigné par le sigle Z340, qui n'a été résolu qu'en décembre 2020 (voir la série de vidéos de David Oranchak ci-dessous).
Didier Müller, 15.4.21 |