William F. Friedman, né 24 septembre 1891 à
Chisinau (Moldavie) et mort le 12 novembre 1969 à Washington, était
un cryptologue de l'armée de terre américaine.
Diplômé en 1914, il reste encore deux ans à Cornell, puis
est recruté par l'excentrique mécène George Fabyan, un
millionnaire ayant fait fortune dans le coton. Fabyan intègre Friedman
dans ses Riverbank Laboratories, à Geneva afin de le faire travailler
sur l'amélioration du coton. C'est par une rencontre fortuite avec Elizabeth
Wells Gallup que Friedman sera amené à pratiquer la cryptologie.
En effet, Gallup, également employée par Fabyan, avait été
chargée de révéler les
supposés messages chiffrés que Sir Francis Bacon avait laissés
dans l'uvre attribuée à Shakespeare (une théorie
en vogue à l'époque, démentie depuis). Friedman y rencontra
Elizebeth Smith, également cryptanalyste, qu'il épousera en 1917.
En 1920, dans The Index of Coincidence and its Applications in Cryptography,
il invente une nouvelle technique : l'indice de coïncidence,
une mesure statistique utilisée en cryptanalyse pour casser les chiffrements
simples basés sur des substitutions et des permutations (par exemple
le chiffrement
de Vigenère). La même année, c'est lui qui utilise pour
la première fois le terme cryptanalyse pour désigner le travail
consistant à attaquer un chiffre, par opposition à la cryptographie.
En 1930, Friedman fonde l'US Army Signals Intelligence Service (service de renseignements
transmissions de l'armée de terre américaine).
Friedman participera à l'effort de guerre contre les Japonais dès
1939 en s'attaquant au code 97, le chiffre utilisé par l'armée
nippone. Son équipe sera à même de déchiffrer un
volume croissant de messages de l'armée impériale. En 1941, face
aux responsabilités importantes qu'il endosse, Friedman fait une dépression
et doit se retirer pendant un certain temps.
Après la guerre, il devient cryptologue en chef à la NSA. Il part
à la retraite en 1955, mais sa santé se dégrade rapidement
au début des années 60. Il décède en 1969. Il
repose avec son épouse au cimetière d'Arlington.
Elizebeth Smith Friedman née le 26 août
1892 à Huntington (Indiana) et morte 31 octobre 1980 à Plainfield
(New Jersey) est une cryptanalyste et écrivaine. Elle est reconnue pour
être la première femme dans le domaine de la cryptologie et pour
avoir notamment déchiffré la machine
Enigma, utilisée par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Elle a également contribué au démantèlement de plusieurs
réseaux de contrebande lors de la prohibition dans les années
1930. Malgré quelques apparitions publiques lors des procès concernant
les réseaux de contrebandes, elle restera dans l'ombre du fait de ses
activités classées secret défense lors la guerre et en
retrait par rapport à son mari, William F. Friedman, également
cryptanalyste qui a fortement contribué au succès des américains
lors des deux guerres mondiales.
Les travaux d'Elizebeth Friedman connaitront une notoriété posthume,
lors de la déclassification des documents de guerre notamment et plus
particulièrement via une biographie écrite par Jason Fagone en
2017. Le livre The Woman Who Smashed Codes retrace la carrière
de la cryptanalyste en se basant sur les archives personnelles de Friedman,
conservées à la bibliothèque de Virginie.
Didier Müller, 1.3.21 |