Lorsqu’on a vu les premières images de Merida, l’héroïne de Disney-Pixar, nos têtes bouclées n'ont pas pu s'empêcher de se réjouir: ces cheveux! Ces boucles! Ce volume et ce joyeux bordel!


Merida a non seulement la lourde responsabilité d’être le premier personnage principal féminin de Pixar mais aussi —surtout?— la première héroïne aux cheveux bouclés de Disney. Réfléchissez-y deux secondes: Blanche-Neige? Cheveux lisses. Belle? Lisses. Cendrillon, Aurore, Raiponce? Pareil. Ariel a le droit a une espèce de masse rousse vaguement ondulée, un peu mieux réussie pour Esmeralda. Et Tiana, la princesse afro-américaine de La Princesse et la grenouille, a quelques frisures qui s’échappent. Mais des vraies boucles, des boucles qui bougent à la fois ensemble et séparément, bref des boucles comme les nôtres, Disney ne l’avait jamais fait.

La Petite Sirène, une bouclée contrariée

En fait, Disney ne pouvait pas le faire. Techniquement. «La Petite Sirène et Esmeralda devaient avoir des cheveux bouclés dans les premiers designs, mais la réalité, c’est que c’était trop difficile de les dessiner à la main, et ça aurait coûté beaucoup d’argent d’inclure toutes les boucles», explique Brenda Chapman, qui a créé le personnage de Merida, co-écrit et co-réalisé Rebelle.
Patricia Pineau, directrice de la communication scientifique du groupe L’Oréal, se souvient d’un congrès sur les images de synthèse à Boston, où elle avait présenté une modélisation scientifique de la chevelure, il y a quelques années.
«Dès la présentation terminée, des gens du monde de l’animation se sont précipités sur nous, nous disant qu’ils rêvaient d’un tel modèle depuis des années. Disney voulait rencontrer les gens de chez L’Oréal, ils voulaient notre logiciel!»
L’Oréal n’avait pas vocation à collaborer avec Disney, mais l’excitation des animateurs souligne l’ampleur de la question. «Une chevelure, c’est 120 à 150.000 fibres, souligne Patricia Pineau. C’est énorme!» (Pixar a finalement développé seul sa modélisation et ses logiciels pour les cheveux de Rebelle).
Même quand la technique des images de synthèse s’est développée pour les films d’animation, la boucle est restée compliquée: Brenda Chapman explique ainsi que dans Monstres et Cie, sorti en 2001 (soit six ans après le premier dessin-animé en images de synthèse Toy Story), le personnage de Bouh était censé avoir les cheveux bouclés, mais que la technologie d’animation lui a fait défaut.

Rupture technologique de la boucle

Pour Merida, les équipes de Pixar ont passé près de trois ans à développer les logiciels permettant d’animer une toison rousse qui devient un personnage du film. Les cheveux sont faits de 1.500 boucles individuelles, avec chacune son propre degré de frisure et de roux, placées sur le crâne de la jeune fille et programmées pour interagir les unes avec les autres et avec l’environnement extérieur. Il a fallu six mois pour ajouter progressivement chaque boucle au modèle de crâne de Merida, jusqu'à obtenir un total d’environ 111.700 cheveux.


Image des cheveux de Merida version logiciel / Disney-Pixar

Source : Slate.fr