Une barbe grise aux reflets roux. De doux yeux bleus. Le front ridé… Henri IV, le roi préféré des Français, l’inventeur de la poule au pot, ressemblait à un bon et attendrissant papy quand il a été assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610. Un infographiste, Philippe Froesch, spécialisé dans la reconstitution faciale en trois dimensions, vient de ressusciter le visage royal. Il a travaillé à partir de la tête momifiée du monarque retrouvée en 2008 (*).
Après un mois de travail sur des logiciels informatiques utilisant des modèles et équations mathématiques complexes, le visage de Henry IV est apparu, en chair et en os. « J ’ai tout d’abord étudié plus de 700 images scannées en noir et blanc du crâne. J’ai ainsi remarqué des os creusés par une musculature dense. Soit il riait beaucoup, soit il vivait sous tension », explique Philippe Froesch.
Cinq dents à sa mort
Cette image, que l’on peut aujourd’hui considérer comme la « photo officielle » du roi, est une première. « Des reconstitutions avaient déjà été réalisées auparavant, mais toutes à partir du masque mortuaire ou de tableaux. Cette-fois, le travail a été produit à partir de la tête momifiée. Le portrait est le plus rapprochant possible de la réalité », souligne le journaliste Stéphane Gabet qui, après une longue enquête, a retrouvé la tête royale.
On sent sur le visage du monarque le poids des années. Atteindre 56 ans au XVIIe siècle devait être une performance. « A sa mort, il ne lui restait plus que cinq dents », précise Philippe Froesch. Difficile alors de le faire sourire sur la reconstitution…
Un test ADN avec le sang de Louis XVI
La présentation du portrait d’Henri IV conclut une aventure historique et scientifique incroyable. En 2008, le journaliste Stéphane Gabet se lance dans le pari fou de résoudre « l’énigme du roi sans tête ». Depuis 1793, à la suite de la profanation du tombeau royale de la Basilique de Saint-Denis, la tête d’Henri IV a disparu. C’est finalement au fond d’une armoire, chez un couple de passionnés d’histoire de Châteaudun (Eure-et-Loir), que la tête royale embaumée se cachait. Les travaux d’une équipe de 22 chercheurs, en 2010, et un test en 2012 comparant l’ADN du fond de la gorge d’Henri IV avec le sang de Louis XVI retrouvé sur un mouchoir, authentifieront le crâne.
Et maintenant ? La tête momifiée attend dans le coffre d’une banque son retour à la Basilique Saint-Denis, où le reste du corps du « Bon Roy » l’attend depuis 220 ans. Une demande de transfert soutenue par la « Société Henri IV » vient d’être déposée à l’Elysée.
(*) Henri IV, l’énigme du roi sans tête , par Stéphane Gabet et Philippe Charlier (librairie Vuibert).
Patrice BARRÈRE.
Source : Le Républicain Lorrain