Le cyberblog du coyote

 

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Editorial

Ce blog a pour objectif principal d'augmenter la culture informatique de mes élèves. Il a aussi pour ambition de refléter l'actualité technologique dans ce domaine.

lundi 16 février 2009

Linux Magazine Spécial Python

A tous ceux qui se demandent encore pourquoi j'ai choisi d'enseigner la programmation avec Python, je conseille fortement cet excellent numéro de la revue Linux Magazine :

Linux Magazine No 40, janvier/février 2009

  • p. 04 Introduction : Python, un monstre de langage
  • p. 06 Nouveautés de Python 2.6
  • p. 08 Nouveautés de Python 3
  • Éducation
  • p. 11 Apprenez d’abord Python !
  • Science
  • p. 26 Python comme langage scientifique
  • Réseau
  • p. 38 Python et le réseau
  • Code(s)
  • p. 54 Packager et diffuser son application Python
  • p. 59 Trucs et astuces
  • p. 64 Ctypes et Python
  • p. 68 Présentation de la Zope Component Architecture
Voir ce magazine

Édito

Après avoir rebattu les oreilles à mon entourage pendant des années que (je me cite) « le Python, c’est bon », on a fini par me souffler l’idée de préparer un numéro hors-série dédié à ce langage. Nous étions courant 2007, et j’ai soumis l’idée à Denis en octobre de la même année. Autrement dit, j’espère décrocher le record du temps de gestation le plus long pour un Linux Mag.
Je me suis donc lancé dans ce que je pensais être une petite balade tranquille pour permettre au lecteur de faire le tour de Python en quelques articles bien choisis. Autant le dire tout de suite, tel l’inconscient qui essaye de mesurer une courbe fractale, je suis loin du compte.
L’écosystème python est d’une richesse incroyable. Comment se fait-il qu’on n’en entende pas plus parler ? J’ai l’impression que le développeur Python est discret, un peu dans l’esprit « shut up and code ». Le recrutement des auteurs pour constituer ce hors-série n’a d’ailleurs pas été aussi facile que prévu. Il semblerait qu’ils ne voulaient pas décrocher de leur code. Python serait-il une drogue ? Cela expliquerait en tout cas que l’on puisse passer à côté de purs diamants (j’allais dire rubys). Python gagne à être connu.
J’en profite donc pour remercier l’AFPY, l’association francophone Python, qui a été mon vivier d’auteurs. Cette association dynamique se réunit mensuellement, convie régulièrement à des afpyros dans les bars de Paris et organise PyCON Fr, la conférence Python francophone. Vous pouvez vous inscrire à leurs listes de diffusion et adhérer à l’association sur afpy.org.
Que trouve-t-on donc dans ce hors-série ? J’ai essayé de donner à découvrir des parties peu traitées ou qui méritaient un peu plus de lumière. Par exemple, beaucoup de documents expliquent quoi mettre dans vos fichiers, mais peu expliquent comment organiser ces fichiers pour faire un paquet.
Nous avons également deux articles qui donnent un bon panorama de l’intersection entre Python et le réseau et entre Python et les applications scientifiques. Ici, je vous fais part d’une grosse déception car le très bon article sur l’intersection entre Python et les applications Web a été déplacé dans le Linux Mag 114 faute de place. Le Python est concis, mais quand on veut en parler, on ne peut plus s’arrêter. Cet article côtoiera donc un temps ce hors-série en kiosque. Enfin, le sujet auquel je tiens particulièrement concerne l’apprentissage de la programmation et le rôle que Python pourrait y jouer. Vous trouverez donc un article , certes partisan, expliquant pourquoi Python s’avère un très bon choix, et comment se lancer dans son apprentissage et son enseignement. Cet article est aussi à relier avec celui décrivant l’utilisation qui peut être faite de Python dans le monde scientifique, ou l’on pourra mesurer combien certains pourraient se simplifier la vie s’ils n’avaient pas été élevés au C. Mais il est temps que je vous laisse découvrir cela par vous-même. Et n’oubliez pas : le Python, c’est bon !

Philippe Biondi

dimanche 8 février 2009

Peut-on faire confiance à Google (et à nous-mêmes) ?

Article du Le Figaro, le 6 février 2009

Plus une semaine ne se passe sans que Google sorte un nouveau service. Cette semaine, il s'agit de Google Latitude, un programme à installer sur votre smartphone (seul certains modèles sont supportés pour l'heure), qui permet aux contacts de votre choix de connaître votre position exacte. Comment çà marche ? Avec une puce GPS si votre portable en est équipé, ou en réalisant une triangulation à partir des antennes-relais à proximité. Petite démo en vidéo made in Google:


Est-ce vraiment nouveau ? Non, loin de là. De nombreuses start-up se sont positionnées sur ce créneau du réseau social géolocalisé, avec bien souvent des fonctions bien plus évoluées que celles proposées par Google Latitude. Google avait même acheté en 2005 Dodgeball, un service basé sur ce principe (mais fonctionnant à partir d'une position déclarée via SMS et non traquée par GPS), dont il a annoncé la fermeture à la mi-janvier.
Est-ce inquiétant ? Oui et Non. Non, parce que, somme toute, Google promet des garanties à l'endroit de Latitude. Vous pouvez choisir de laisser Google vous positionner en temps réel ou procéder à une délcaration manuelle et ponctuelle. Vous pouvez choisir au cas par cas lesquels de vos contacts vous « voient » sur leur carte et avec quelle précision. Enfin, Google assure ne pas conserver l'historique de vos positions, point le plus sensible en matière de protection de la vie privée. Surtout, faisons-nous l'avocat du diable, personne ne vous oblige à vous y inscrire.
Oui, parce que le produit de Google n'est évidemment pas désintéressé. Votre position à un instant T est une donnée fondamentale pour vous envoyer des publicités plus ciblées, et donc ayant plus de valeur pour l'annonceur et pour Google.
Oui, parce que les barrières mises en place par Google sont loin d'être infranchissables. L'ONG Privacy International, qui reconnaît les efforts de l'entreprise pour installer des garde-fous, a cependant établi quelques scénarios intéressants. Je vous en livre ici quelques uns : Votre employeur vous fournit un téléphone de fonction sans vous prévenir que Latitude y a été installé et configuré à l'avance pour lui indiquer votre position à tout instant. Votre conjoint(e), un peu jaloux, installe Latitude sur votre portable pendant que vous êtes sous la douche, etc... Ces scénarios n'ont rien d'improbable, et je suis prêt à prendre les paris que l'on verra bien quelques exemples de divorces et licenciements prononcés avec l'aide gracieuse de Google ;) (Cela étant, Google promet de peaufiner un système d'alerte pour signaler régulièrement à l'utilisateur que Latitude tourne sur son portable).
Oui, parce que Google est une montagne à côté des souris que peuvent être Loopt et autres start-up sur le même créneau. Une entreprise qui ne connaît que ma position en temps réel représente un danger potentiel moindre pour le respect de ma vie privée qu'une entreprise qui sait déjà ce que je lis, ce que j'écris, ce que je clique, à qui je parle, ce que je prends en photo, quelles vidéos j'enregistre ou je regarde sur YouTube, voire mes données médicales, etc... Toutes ces données prises isolément ont peu de valeur et présentent peu de danger pour ma vie privée. Mais en la matière, le croisement de toutes ces données, de tous ces fichiers, est le nerf de la guerre. Or Google est passé maître dans l'art d'être rarement le meilleur élève de la classe dans une matière, mais d'avoir la meilleure moyenne générale. Il est évidemment infiniment plus facile et pratique de synchroniser son calendrier Google, son mail Google, ses cartes Google, ses flux RSS Google, son réseau social géolocalisé Google, etc. (encore que depuis quelques temps, Google n'est plus infaillible et taille dans ses services sans trop de scrupules pour ses utilisateurs), que de conserver ces différentes données dans des containers étanches...
Le danger n'est pas celui d'un Big Brother. Pas d'œil étatique braqué sur vous. Il s'agit de mise sous surveillance volontaire. Ce que certains appellent, par opposition à la notion d'Orwell, une « Little Sister ». Je décide de compléter ma propre fiche Edvige, en quelque sorte...
Alors bien sûr, en toute hypothèse, vous restez libre. Aucun bracelet électronique à votre cheville. Mais c'est sans compter sur la douce mais puissante pression sociale. Qui peut savoir comment, dans 5, 10 ou 20 ans, seront regardées les personnes qui n'auront pas de profil sur un réseau social racheté par Google ? Que dirons-nous de ceux qui refuseront de se faire géolocaliser en temps réel avec leur portable ? Daignerons-nous encore parler à des gens auxquels il faudra toujours passer un coup de fil pour demander « t'es où ? » lorsqu'ils seront en retard à un rendez-vous ? Laisserons-nous encore nos enfants gambader en liberté sans les voir se déplacer lentement sur une carte ? Le mensonge sera-t-il toujours au nombre des options de l'être humain ?