Dès 2009, chacun pourra créer son nom de domaine, pratiquement sans restriction, « comme .amour ou .haine » résume Paul Towmey, président de l'Icann, gestionnaire le Web. La nouvelle a surpris tout le monde et fait craindre une pagaille générale. Entreprises, tenez-vous prêtes à déposer très vite une kyrielle de noms...
Rien n'indiquait que la 23ème réunion international de l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l'organisme qui gère les noms de domaine au niveau mondial, marquerait une date particulière. On savait qu'elle entérinerait un effort redoublé pour déployer un nouveau protocole, baptisé IPv6, destiné à remplacer l'actuel IPv4. Son adoption contraint à des modification dans les serveurs qui forment la toile d'Internet mais elle est plus qu'un détail : elle est indispensable pour empêcher la pénurie d'adresses Internet qui se profile à l'horizon. IPv4, en effet, n'autorise que 4,2 milliards d'adresses IP différentes, chacune étant attribuée de façon permanente ou, pour les internautes, le temps d'une session. Autrement dit si le nombre d'utilisateurs simultanés d'Internet sur la planète dépasse cette limite, le Web s'engorge. Avec la multiplication des accès, notamment dans les pays émergents, la coupe est bientôt pleine. Et la saturation se rapproche même plus vite qu'on pourrait le penser car les humains ne sont plus les seuls à se connecter. Les industriels aimeraient doter d'une adresse Internet des appareils ménagers, par exemple les lave-linge qui pourraient télécharger des programmes de lavage spéciaux, les appareils photos pour y installer des modes de fonctionnement particuliers ou même les fours à micro-ondes, ainsi capables de récupérer des recettes. Les constructeurs automobiles imaginent connecter les voitures, voire leurs sous-ensembles (moteur, carrosserie, électronique de bord...) pour en assurer la maintenance à distance. A ce rythme, les 4,2 milliards d'adresses ne suffiront plus dès 2011.
Mis au point en 1995, à une époque où le problème avait déjà été anticipé, IPv6 code les adresses sur 128 bits (soit 2128 combinaisons) et éloigne définitivement le risque d'une saturation. Mais il a tardé à se mettre en place, à cause des investissements à effectuer sur le réseau. Mais cette fois, l'urgence est là. L'Icann nous explique qu'il faut vraiment y songer. Les entreprises devront s'assurer rapidement que leurs installations sont compatibles IPv6. En prime, promet l'Icann, les adresses pourront bientôt accueillir des caractères aujourd'hui interdits, comme l'apostrophe ou les caractères accentués du français par exemple, et les alphabets arabes, chinois et indiens.

Source : Futura-Sciences