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Google est-il dangereux ? En dix ans, le groupe américain s'est imposé comme l'acteur incontournable du web. Il détient aujourd'hui un quasi monopole sur la recherche d'informations en ligne. Sur la publicité aussi. « Je pense que l'on pourrait assister à une répétition du cas Microsoft», déclarait l'avocate américaine Christine Varney en 2008. Des paroles qui raisonnent très fort aujourd'hui : Christine Varney occupe, depuis mars 2009, la tête de la division anti-trust du département de la justice des Etats-Unis.
Dans le domaine des moteurs de recherche, Google écrase la concurrence avec septante pour-cent de parts de marché. Son hégémonie inquiète : « Dans la mesure où toutes les recherches d'information passent pratiquement par internet et par conséquent par Google, Google a le monopole du filtre de l'information, dénonce Dominique Maniez, professeur à l'Université de Lyon 2. Cela signifie que si j'ai un site et qu'il n'est pas indexé dans le catalogue de Google, ce site n'existe pas ! C'est extraordinaire comme pouvoir : un droit de vie et de mort sur la vie d'un site web.»
Chez Google, on ne s'émeut guère de ces paroles. « A partir du moment où il existe un choix pour les gens, nous ne voyons pas cela comme un monopole, explique Andreas Schönenberger, le directeur général du groupe en Suisse. Les gens utilisent nos produits parce qu'ils sont satisfaits. Si nos applications ne répondent pas à leurs besoins, ils peuvent aller sur un autre site. Sur internet, la concurrence n'est qu'à un clic.»
Une concurrence qui ne parvient pas à régater, et qui ne dispose pas de ressources comparables. Car la domination du géant américain est ultra rentable. Avec son système de liens sponsorisés, le groupe concentre une bonne part des revenus de la publicité en ligne. Une manne qui lui a permis de racheter cinquante entreprises – dont Youtube en 2006 – et de développer plus de septante applications. Mais Google voit plus loin: « On pense que le cash en réserve à l'heure actuelle devrait avoisiner les seize milliards. Un trésor de guerre qui permet au groupe de continuer à investir dans des nouveaux produits, cherchant des relais de croissance. Je pense notamment à la téléphonie mobile mais aussi au système d'exploitation Chrome qui va sortir prochainement. Une vraie pierre dans le jardin de Microsoft » relève Daniel Pellet, analyste financier chez Bordier à Genève.
« Libre, gratuit, moral, » Google a longtemps été perçu comme un «anti-microsoft». Sa stratégie de conquête l'amène aujourd'hui à défier son rival sur ses terres. Une guerre dans laquelle Google a beaucoup à perdre. Car il troque définitivement son image d'entreprise « insouciante et anticonformiste » contre celle d'un prédateur affamé.