lundi 22 décembre 2014
Un logiciel permet à la police zurichoise de prédire les cambriolages
Par Didier Müller, lundi 22 décembre 2014 à 20:37 - Il y a des maths là ?
24 heures, Lucie Monnat
Dans le film Minority Report, la ville de Washington a réussi, en 2054, à éradiquer la criminalité. Les agents du «Précrime», des individus doués de précognition, peuvent fournir des visions du futur permettant d’arrêter les criminels juste avant qu’ils n’aient commis leurs méfaits.
Avec quarante ans d’avance, la police de Zurich utilise désormais un système similaire. En juillet, elle a acheté «Precobs», un logiciel élaboré par l’«Institut de technique prédictive modélisable» (IfmPt), une petite entreprise basée dans la ville allemande d’Oberhausen. Le programme doit justement son nom à la nouvelle de Philip K. Dick dont est tiré le film.
Precobs indique sur une carte le lieu et la date des prochains délits, et ce au mètre et à l’heure près. Il ne s’agit pas de jouer les Madame Soleil, mais d’un calcul purement mathématique. Le programme répertorie dans sa base de données l’ensemble des délits signalés ces cinq dernières années, incluant le lieu, la date et l’heure exacts ou encore le montant du butin et le modus operandi. Ces données, consignées au fur et à mesure par les policiers, permettent à l’algorithme du programme de prédire le futur en marquant de rouge les zones vulnérables.
Afin de prévenir les critiques sur la protection des données, l’institut insiste sur le fait que l’algorithme ne stocke aucune information personnelle. Precobs se base ainsi sur les observations de plusieurs études démontrant le phénomène des «near repeats», soit le fait que souvent, une infraction en précède une autre. Cela se vérifie en particulier pour les cambriolages, mais aussi les vols à main armée ou les vols de véhicule.
Un cambrioleur revient en effet souvent sur le lieu de son forfait. «En tant que voleur, vous préféreriez naturellement les immeubles de Champel plutôt que ceux du Lignon, explique simplement Marco Cortesi, porte-parole de la police municipale de Zurich. C’est comme partir à la cueillette des champignons: au début, on tâtonne sans savoir où les meilleurs se trouvent. Puis, lorsqu’on a trouvé le bon endroit, pas trop éclairé, facile d’accès et bien fourni, on revient toujours au même.»
Test concluant
Pour l’instant, la police zurichoise utilise le logiciel uniquement pour repérer les cambriolages. Les résultats sont bluffants. «Nous constatons une diminution de 14% des cambriolages pour la période de novembre 2013 à novembre 2014. Celle-ci est de 30% dans les zones testées avec Precobs», affirme Marco Cortesi.
Il ne s’agit cependant pas de remplacer les policiers par un ordinateur. «Nous devons toujours observer et analyser les zones sensibles. Notre travail ne s’arrête pas là », précise Marco Cortesi, qui décidément connaît bien Genève: «Precobs peut indiquer qu’une cible potentielle se trouve dans la rue des Bains, mais il ne va pas indiquer le numéro de la rue et de l’appartement.» Lorsqu’une alerte est donnée, la police agit de deux manières. Elle envoie discrètement des détectives afin de prendre les malfrats la main dans le sac, et elle renforce la présence policière. «A force de voir des patrouilles et des uniformes, les cambrioleurs finissent par laisser tomber l’endroit», conclut Marco Cortesi.
Source : 24 heures
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