dimanche 16 décembre 2012
Les médaillés olympiques plus vieux que les autres
Par Didier Müller, dimanche 16 décembre 2012 à 13:57 - Drôles de statistiques
On pensait réellement que le sport usait. Et puisqu’il use, s’il est pratiqué à haut niveau, ce n’est pas forcément bon pour le corps. Usé, dopé, le sportif de haut niveau vivrait-il moins vieux que la moyenne ? Pas si sûr, ce serait même l’inverse, les médaillés olympiques du XXe siècle vivent plus vieux que la moyenne de la population.
Les médaillés olympiques vivraient 2,8 années en plus que le reste de la population. Cette moyenne est valable quelque soit le sport pratiqué par les athlètes. Ces résultats ont été extraits d’une étude sur 15.174 hommes et femmes médaillés aux Jeux olympiques entre 1896 et 2010. Ces sportifs étaient originaires de 9 endroits du monde : USA, Allemagne, pays nordiques, Royaume-Uni, Russie, France, Italie, Canada, Australie/Nouvelle Zélande. On a mesuré la survie des sportifs 30 ans après leurs derniers jeux olympiques. Un seul des 9 groupes présente des sportifs équivalents à la population moyenne : le Canada. Les différents types de médailles obtenus par les athlètes — or, argent ou bronze — ne modifient pas la durée de vie des athlètes.
Une autre étude parait le même jour et offre des conclusions similaires. Cette fois, la population est plus âgée, puisqu’il s’agit de sportifs ayant participé aux Jeux olympiques entre 1896 et 1936. On a pris en compte les personnes dont on connaissait la date de décès, cela représente 9889 athlètes dans 43 disciplines différentes. Un certain nombre de filtres ont été ajoutés afin de prendre en compte les événements perturbants du XXe siècle, comme la Seconde Guerre mondiale.
Le supplément de vie n’est pas uniquement présent chez les sportifs de fond ou d’activités intenses. Toutes les disciplines en bénéficient. Par contre, ce qui peut faire une différence est la violence infligée au corps. Contacts physiques, coups portés au corps n’ont pas l’air d’arranger la survie d’un athlète. On pense à des sports comme la boxe. Les médaillés olympiques de ce type de disciplines ont un risque de mortalité supérieur de 11 % aux disciplines les mieux notées dans l’étude.
Maintenant les chercheurs se posent cette question : d’où vient cette vie plus longue ? Est-ce le bénéfice d’une vie entière consacrée au sport ? Est-ce le résultat d'une amélioration des revenus dus au succès permettant un accès à des soins médicaux de meilleure qualité ? Est-ce des caractéristiques génétiques différentes présentes chez ses hommes et ses femmes exceptionnels ?
Pour aller plus loin : PHILIP M CLARKE, SIMON J WALTER, ANDREW HAYEN, WILLIAM J MALLON, JEROEN HEIJMANS, DAVID M STUDDERT. Survival of the fittest: retrospective cohort study of the longevity of Olympic medallists in the modern era BMJ 2012; 345 doi: 10.1136/bmj.e8308
Source : Sur-la-Toile
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