mercredi 17 octobre 2012
Pourquoi les jeux vidéos violents nous rendent-ils agressifs ?
Par Didier Müller, mercredi 17 octobre 2012 à 14:52 - Drôles de statistiques
Il est maintenant admis que les jeux vidéos violents ont un effet temporaire mais notable, augmentant l'agressivité et diminuant l'empathie. Des chercheurs français ont tenté de mieux comprendre le mécanisme qui est à l'oeuvre. Ils ont invité 136 élèves de niveau collégial (11-15 ans) à jouer à des jeux vidéos pendant 20 minutes. Les jeux étaient soit violents (Condemned 2, Call of Duty 4, The Club) soit non violents (S3K Superbike, Dirt 2, Pure). Ensuite, les élèves devaient compléter une histoire, puis jouer à un jeu qui leur permettait de sanctionner leur adversaire en choisissant l'intensité et la durée d'un son désagréable.
Il s'est avéré que ceux qui ont joué aux jeux vidéos violents ont choisi des sanctions plus longues et plus fortes. Ils ont également complété l'histoire de manière différente, en présupposant une plus forte hostilité du personnage. C'est ce qui explique, selon les chercheurs, l'augmentation de l'agressivité. Ainsi, le fait d'être mis en situation de compétition hostile pendant le jeu biaise les perceptions du joueur qui continue à se comporter comme si son environnement était dangereux. De là découle le comportement plus agressif.
Il faut noter que les auteurs se gardent bien de stigmatiser les jeux vidéos, rappelant que cela s'applique à de nombreux médias, et que ce n'est pas nouveau: Abraham Lincoln, déjà , se plaignait de l'anxiété du lecteur qui s'attend à une nouvelle catastrophe chaque fois qu'il ouvre le journal. Il faut noter également que le mode de jeu est important, ainsi une étude récente montrait que les jeux en mode coopératif permettaient au contraire de réduire l'agressivité et les rivalités.
Pour aller plus loin : Hasan, Y., Bègue, L. & Bushman, B. (2012). Viewing the World Through "Blood-Red Tinted Glasses": The Hostile Expectation Bias Mediates the Link Between Violent Video Game Exposure and Aggression. Journal of Experimental Social Psychology, 48, 953-956.
Source : Sur-la-Toile
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