lundi 20 avril 2015
Jackson Pollock, une peinture chargée en fractales
Par Didier Müller, lundi 20 avril 2015 à 19:12 - Art
Si vous projetez sur une toile de grandes gerbes de peintures, il y a peu de chances que l’on confonde le résultat avec du Jackson Pollock. Même si l’imitation est excellente. Car l’informatique peut débusquer la supercherie. Lior Shamir, chercheur en informatique à l’université technologique de Lawrence, près de Détroit, a en effet mis au point une technique d’imagerie numérique permettant de dire si une peinture est un faux ou un vrai Pollock en analysant le style de l’artiste, et non en confrontant, par exemple, l’image d’un tableau donné avec une base de données d’œuvres.
424 descripteurs numériques pour caractériser le style de Jackson Pollock
Le chercheur a téléchargé 26 œuvres en fichiers numériques trouvés sur Internet. Il a fait la même chose avec des tableaux réalisés avec la même technique que Pollock (le "dripping") mais dont les auteurs sont des peintres se revendiquant de l’artiste américain abstrait. Pas des faux, donc, mais des œuvres "inspirées de…". Toutes ces images ont été converties en fichiers TIFF, sans perte d’information, et de manière à ce que toutes, sans que les proportions soient altéreées, pèsent 640.000 pixels. L’algorithme conçu par Lior Shamir analyse alors plusieurs caractéristiques : les couleurs, les textures, les formes, les fractales, l’intensité des pixels et sa distribution statistique, etc. Il en ressort 424 descripteurs numériques qui permettent alors de caractériser le style si particulier de Jackson Pollock. Il suffit ensuite de passer d’autres tableaux s’inspirant des techniques du peintre au filtre de ces descripteurs pour vérifier la validité de cette méthode informatique.
Dans un premier temps, l’algorithme a su repérer les vrais des "faux" Pollock dans 81% des cas. Une bonne performance mais pas suffisante. Elle s’explique par le fait que le programme a d’abord été testé sur des tableaux couvrant une longue période, du début des années 40 au milieu des années 50. Avec les inévitables évolutions de style, impliquant de modifier l’algorithme ou d’en créer plusieurs. En resserrant l’analyse sur des œuvres couvrant la période 1950-1955, le taux monte d’un coup à 93% avec les fractales comme caractéristiques pesant le plus lourd dans l’authentification du style de Pollock.
Source : Arnaud Devillard, Science et Avenir
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