Le 15 mars 2012 s’est éteint le grand mathématicien français Jean-Marie Souriau. Il a été inhumé le 17 mars 2012 au cimetière du Grand St-Jean, à Puyricard. Aucun média n’en a parlé. Par contre, rien ne nous a été épargné sur les disparitions de Richard Descoings, président de Science-Po Paris, ou encore du cinéaste Claude Miller, qui ont eu lieu à la même période. Tout un symbole d’une société qui vit dans le paraître et le spectacle.

Quand elle disparaîtra, ce que nous lui souhaitons le plus tard possible, Loana aura certainement les honneurs des médias français, pour sa “prestation” dans Loft story. Mais Jean-Marie Souriau, un de nos plus éminents mathématiciens contemporains, a disparu au sens plein et entier du terme, aucun média ne s’en étant ému. Cet ancien élève de l’ENS, chercheur au CNRS puis ingénieur à l’ONERA avait pourtant publié de nombreux travaux, dont des traités de relativité et de mécanique. Il a développé les aspects symplectiques de la mécanique classique et de la mécanique quantique, comme nous en informe sa page wikipedia. Il était même considéré au niveau international comme l’un des fondateurs de la géométrie symplectique. L’astrophysicien Jean-Pierre Petit, qui vient de rendre publique l’information sur la mort de son ami Souriau, disait souvent de lui qu’il était le plus grand mathématicien français encore vivant. Il n’était jamais passé à la télévision publique française, d’après les archives de l’INA.

Voici une des dernières interviews qu’il a accordées, le 27 décembre 2010 :


Contactée, l’AFP n’était pas au courant de ce décès, qu’elle a “raté”. Mais un mois après que l’événement soit survenu, il serait trop tard pour en faire une dépêche. La journaliste avec laquelle je me suis entretenu et que j’ai informée de la mort de Souriau va se renseigner. Elle préfère par ailleurs ne pas commenter le fait que la disparition de people insignifiants de la télé-réalité génère des dépêches AFP mais pas la mort de grands savants comme M. Souriau.

Source : Enquête et débat, 23 avril 2012