vendredi 1 décembre 2006
Les femmes doutent facilement de leurs habiletés mathématiques
Par Didier Müller, vendredi 1 décembre 2006 à 08:15 - Insolite
Les femmes doutent facilement de leurs habiletés mathématiques
Stephanie Levitz, Presse canadienne, Vancouver
Il suffit d'expliquer à des femmes qu'il est dans leur nature d'être moins douées en mathématiques pour influencer négativement leur performance dans ce domaine, ont découvert des chercheurs de l'université de la Colombie-Britannique.
Les scientifiques voulaient vérifier si la nature de l'explication fournie aux femmes concernant leur inhabileté «stéréotypique» en mathématiques allait avoir un impact sur leur performance réelle. Il s'agit de la «menace du stéréotype», un concept selon lequel le rappel de croyances associées depuis longtemps à un groupe incite les membres de ce groupe à se conformer au stéréotype.
Sur une période de trois ans, les chercheurs de l'université de la Colombie-Britannique ont demandé à 135 femmes de se soumettre à des tests similaires à ceux utilisés pour l'admission aux études supérieures. Chaque femme devait notamment compléter une section mathématique complexe, mais seulement après avoir pris connaissance d'un article concernant les différences entre les sexes en mathématiques.
Des quatre articles fictifs, le premier faisait valoir qu'il n'existe aucune différence, le second que la différence est d'origine génétique, et le troisième que la différence découle de la manière dont les mathématiques sont enseignées aux femmes à l'école primaire. Le dernier traitait de la place des femmes dans le monde des arts, puisque les scientifiques croient depuis un moment que le simple fait de rappeler à une femme qu'elle est une femme aura un impact négatif sur sa performance.
Les femmes à qui il avait été expliqué que leurs expériences antérieures étaient responsables de leurs habiletés mathématiques ont obtenu deux fois plus de réponses exactes que les femmes à qui il avait été expliqué que leur code génétique était à blâmer. Les femmes à qui on avait rappelé qu'elles étaient des femmes ont aussi moins bien réussi que celles à qui on avait expliqué qu'il n'y avait aucune différence.
«J'ai été surpris de l'importance de la réduction de la menace (du stéréotype) chez les femmes à qui on avait souligné l'importance des expériences antérieures», a expliqué l'auteur de l'étude, l'étudiant au doctorat Ilan Dar-Nimrod.
La simple mention qu'il puisse exister une différence entre les hommes et les femmes en mathématiques peut se révéler explosive. L'été dernier, le président de l'université Harvard, Lawrence Summers, avait été contraint de démissionner après avoir déclaré que les femmes sont sous-représentées dans le domaine des sciences parce qu'elles n'ont pas les capacités innées pour y exceller.
D'autres chercheurs croient que les résultats de cette étude illustrent bien la complexité de l'association entre les gènes et un comportement donné.
Source : Cyberpresse
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