Edward Kasner, mathématicien américain (1878-1955), sèchait sur un petit problème un jour de 1938. Pour une démonstration, il a imaginé un chiffre qui soit inimaginablement grand mais tout de même inférieur à l'infini. Il a pensé, arbitrairement, à 10 puissance 100.
Restait à baptiser cette entité. Trillion, quintillion, méga, giga, tous ces mots étaient déjà pris et puis il s'agissait d'un nombre beaucoup plus grand. 1 suivi de cent zéros, c'est plus qu'il n'y a de particules dans tout l'univers (10 puissance 80). Comment nommer ce monstre ? Kasner se tourna vers son neveu, de passage à la maison. Il lui demanda quel nom il donnerait à un chiffre suivi de cent zéros. Le petit Milton Sirotta, 9 ans répondit d'un mot de gosse : «Un googol!». Mot que Kasner reporta fidèlement dans son traité : Mathematics and the imagination, et que reprirent, en 1998, Larry Page et Sergei Brin, quand ils créèrent Google dans leur garage californien.
Google jongle aujourd'hui avec d'autres chiffres astronomiques : 200 millions de recherches par jour, en 97 langues, un chiffre d'affaires de 1700 millions de dollars en 2004. Et une entrée en Bourse, le 29 avril 2004, qui mit 3 milliards de dollars dans la poche de Page et Brin. 3 milliards chacun. De quoi éveiller l'attention de personnes à la recherche de procédures susceptibles de rapporter de l'argent facile.
C'est le cas de Peri Fleisher, spécialiste des compensations dans une société de la Silicon Valley, et petite nièce d'Edward Kasner. Elle n'avait que 4 ans lors du décès de son grand-oncle ! Profitant d'une communauté de nom et phonétique entre les expressions googol et Google, Peri Fleisher a déposé une plainte contre le moteur de recherche au nom des ayant-droits d'Edward Kasner. Elle aurait écrit à Google qui n'aurait pas daigné répondre.